Tuesday, June 1, 2010

Martin Page, On Reading



"La plupart des choses que je lis ne sont pas des livres.


Tout à commencé par des romans c’est vrai, ils m’ont formé, ils m’ont appris à poser un regard passionné et scrutateur sur les choses, à transformer des mots en images et en sensations ; mais peu à peu la lecture est devenue une faculté propre, un don qui s’appliquait à tous les objets.

Les livres nous enseignent ceci : le monde entier se lit. Il n’y a pas d’évidence. Voir, entendre, goûter, ce n’est rien. Ce que nous voyons il faut le lire, ce que nous mangeons il faut le lire. Les choses ne sont pas données. Nous les prenons. Nous les captivons et les décodons.

La lecture est une expérience générale et permanente. Il n’y a pas de différence entre nos yeux qui suivent une ligne de texte et ces mêmes yeux qui regardent la personne qui se trouve en face de nous.

Bien sûr on peut ne pas avoir conscience de cette lecture, on peut la refuser ; on peut décider de la réserver aux livres. On peut faire comme s’il suffisait de voir, d’entendre, de recevoir le monde sur notre rétine. Mais cela signifie devenir un simple support où s’impriment les caractères du monde. Nous sommes lus, c’est pourquoi il nous faut lire."


{Martin Page's novel, How I Became Stupid (Penguin), has been translated into twenty-four languages and was awarded the Euregio-Schüler-Literaturpreis. His most recent novel, The Discreet Pleasures Of Rejection (Penguin), was published in January of 2010. Visit his website here for more information.}


1 comment:

  1. D'accord! And I understood about 25% in French but translated into English was so happy to read.

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